CHAPITRE II : LES AMBASSADEURS DU FUTUR

Ecart(s) Mag - #4

CHAPITRE II : LES AMBASSADEURS DU FUTUR

Le 13 décembre 1973, Claude Vorilhon, tour à tour chanteur (jusqu’au suicide de son producteur) et chroniqueur sportif (jusqu’à la disparation de sa revue de sport automobile), fait une rencontre du troisième type. Les Elohim, en plus d’explications sur certains mystères de l’origine du monde des hommes, lui confient son nom de prophète : « Raël » (« Le Messager »). Dans l’attente de leur venue sur Terre (prévue avant 2035*), les membres du mouvement raëlien – dont les cotisations libres s’élèveraient entre 3% et 10% du salaire après impôt – contribuent, en plus de la diffusion du message et autres actions de charité, à la création d’une ambassade destinée à les accueillir. Quant à nous, c’est dans le petit salon feutré d’un hôtel quatre étoiles du Brabant Wallon que nous serons reçus par Eric Remacle, guide raëlien de Belgique et Ricardo Cunill, responsable médias pour le royaume. Dans le climat de méfiance mutuelle initial qui s’impose dans ce genre de face à face, chacun se félicite secrètement de n’être venu seul participer à un jeu de rôle où les intervieweurs sont aussi les interviewés, les enregistreurs, enregistrés.

* Ou 89 A.H. (Après Hiroshima) selon le calendrier raëlien

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Eric Remacle : En France, surtout, on a eu pas mal de problèmes avec certains journalistes. Alors, le responsable de la communication au niveau planétaire a demandé qu’on filme toutes les interviews. On ne les utilise pas, mais si on a un problème… Tu ne leur avais pas dit ? J’espère que ça ne vous dérange pas, que vous comprenez.

Ricardo Cunill : vous connaissez, par exemple, Alain Soral ? C’est un homme qui dit beaucoup de choses, qui sont présentées comme des choses assez violentes et allant dans une certaine direction, alors que si on prend le contexte dans lequel elles sont dites, on comprend mieux ce que le gars a voulu dire en réalité…

(bruit de perceuse)

Eric R.: J’espère que c’est exceptionnel. C’est peut-être pour mettre un cadre. (s’adresse à Ricardo Cunill) Il faudrait vérifier, ça ne te dérange pas de vérifier, sinon on devra aller ailleurs….

(Ricardo C. quitte la pièce)

Il parle d’Alain Soral, parce que, je crois qu’il s’était fait filmer par BFM TV. Sur BFM TV, ça avait été transformé. Il a mis sur Facebook l’interview complète : c’est vrai qu’on voit la différence. C’est pour ça qu’il fait référence à Alain Soral, on ne le suit pas forcément, c’est juste que… je crois qu’il a regardé ça.

 

« On apporte une nouvelle hypothèse sur l’origine de la vie sur terre, qui explique qu’on a été créés par des êtres qui viennent d’une autre planète, des êtres humains comme nous : ils sont appelés Elohim dans les écrits anciens, notamment dans la Bible. »

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Combien de personnes sont dans le mouvement raëlien en Belgique ?

Eric R.: On est plus d’une centaine de baptisés. On apporte une nouvelle hypothèse sur l’origine de la vie sur terre, qui explique qu’on a été créés par des êtres qui viennent d’une autre planète, des êtres humains comme nous : ils sont appelés Elohim dans les écrits anciens, notamment dans la Bible. Les gens qui les reconnaissent se baptisent raëliens et après, il y a ceux  qui rentrent dans les structures du mouvement pour diffuser ce message.

 

Je vois que vous avez le symbole …

Eric R.: Ça, c’est le symbole du mouvement raëlien, c’est aussi le symbole de l’infini, qu’on retrouve dans d’autres religions. Ce symbole est très ancien : il représente l’infini dans le temps et dans l’espace.

Visuellement, vous avez le triangle pointé vers le bas qui représente l’infiniment petit. La science est en train de s’en rendre compte : une expérience montre que, vraisemblablement, le big bang n’existait pas et que l’univers est donc infini. Dans nos cellules, il y a des atomes, dans ces atomes, il y a de la matière, des particules, des microparticules : il y a des univers entiers. On est composés d’infini. C’est la même chose dans l’infiniment grand, avec le triangle pointé vers le haut. On fait partie d’une galaxie, et ce n’est peut-être qu’une microparticule d’une structure minérale, végétale ou humaine beaucoup plus grande. Imaginons, celle d’un être humain, comme une partie d’un atome d’un de ses doigts, par exemple. Et cet être humain est sur une planète,  et regarde un univers en se demandant s’il y a de la vie ailleurs. Et ceci à l’infini. Dans le temps, c’est pareil. Il n’y a jamais eu de début, il n’y aura jamais de fin. C’est vertigineux. Cela enlève le concept de dieu, qui serait omniprésent, qui serait central, parce qu’il n’y a pas de centre dans l’infini.

 

L’homme aurait été créé par les Elohim, mais alors, ces individus dans notre corps, ils auraient été créés par qui ?

Eric R.: D’après ce message qui nous a été transmis, la création de la vie consciente se fait scientifiquement. Et donc toute civilisation, toute vie, que ce soit à notre niveau ou un niveau plus petit, dans notre infiniment petit, a été créé scientifiquement. Il y a des projets à la NASA pour aller terraformer Mars, par exemple, c’est-à-dire d’aller y implanter la vie. Ça commence doucement : on va mettre de l’oxygène, des planctons, puis de la vie consciente, et un jour, créer des êtres humains à notre image. C’est ce qui a été fait pour nous. Il y a des traces de ça, des références de cette création dans toutes les religions. Pas que dans des religions, en fait : dans des images, des statues. On trouve des milliers et des milliers de traces de ces créations.

 

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« Si vous n’avez jamais vécu d’orgasme et que je vous en parle, vous ne pouvez pas l’appréhender totalement : il faut le vivre. Pour comprendre la phrase We are One, qui est notre devise, c’est pareil. »

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A la base, il n’y a pas une création première, alors ?

Eric R.: Il n’y a jamais eu de début. Alors c’est difficile à comprendre pour nous, intellectuellement, et ça peut parfois nous rendre fou, si on essaie ; notre cerveau étant fini, on a difficile à comprendre quelque chose d’infini. C’est pour ça que les Elohim nous conseillent de ne pas trop chercher à le comprendre mais plutôt de l’appréhender grâce à la méditation. Si vous n’avez jamais vécu d’orgasme et que je vous en parle, vous ne pouvez pas l’appréhender totalement : il faut le vivre. Pour comprendre la phrase « We are One » (« Nous sommes un »), qui est notre devise, c’est pareil. Mais de là à comprendre pourquoi ça existe, pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien, c’est un mystère.

 

Il faudrait que j’essaie.

Eric R.: Oui, oui. C’est vrai. Ecoutez, venez une fois. On fait une fête pour la création de la vie sur terre. Ce sera une petite fête, ici à Bruxelles. À Jette, dans un loft. Vous êtes bienvenus. Ce n’est pas du tout dangereux, ne vous inquiétez pas. C’est très agréable. C’est très relaxant. Les gens apprécient beaucoup.

 

J’ai écouté la méditation sur Internet…

Ricardo C. : oui, vous avez participé samedi, j’ai vu…

 

Mais j’étais étonnée qu’il y ait si peu de monde.

Eric R.: Oui, ça dépend des samedis, et puis c’est sur Internet. C’est vrai que quand on est beaucoup, c’est très chouette. On est des centaines sur chaque continent. On fait parfois des rassemblements. On en fait un en Croatie cette année. C’est l’Académie du Bonheur. Pourquoi on appelle ça comme ça? Parce que – je me permets de poser et de répondre à la question – parce que… je m’intéresse beaucoup à la question du bonheur depuis très longtemps personnellement. A la psychologie du bonheur. Je suis diplômé en psychologie appliquée à la base et en psychologie, on parle toujours de malheur, de souffrance, de déséquilibre, de névrose, de ce genre de choses. Ce que j’aime bien dans la philosophie raëlienne, c’est qu’elle est basée sur le bonheur, collectif et individuel et qu’elle donne des clés pour le bonheur, collectif et individuel. On fait ça chaque année, sur tous les continents. Au niveau planétaire, on doit être dans les 80.000.

 

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Capture d’écran de la méditation planétaire en ligne

 

C’est petit…

Eric R.: Oui, c’est vrai. Contrairement à d’autres religions, on ne cherche pas absolument à faire des membres pour s’agrandir. On sera une minorité encore très longtemps. Peut-être le jour où on construira cette ambassade, les Elohim viendront – c’est ce qu’on espère – et là, il y aura sans doute des millions de gens qui voudront devenir raëliens, mais ce sera moins intéressant. Je pense que la plupart des grands changements, des révolutions, ont été faits par des minorités.

 

Quels sont les changements que vous voudriez apporter par rapport à notre société ?

Eric R.: Il y a beaucoup de changements qu’on souhaite voir dans le  monde. On peut parler au niveau individuel et collectif. Au niveau individuel, pour commencer, cela consiste à comprendre que le bonheur vient de l’intérieur. Souvent, on court après le bonheur en essayant de posséder, en ayant des connaissances. J’aime beaucoup Epicure qui disait: « Mon cœur est saturé de plaisirs quand je bois du pain et de l’eau ». Tout ça pour dire que Epicure, on peut souvent mal le comprendre, l’entendre comme l’apologie du plaisir et de la jouissance constante, du luxe et tout ça, mais ce sont aussi des choses très simples. On a des exercices qui s’apparentent aux exercices de pleine conscience, où on apprend à partir de choses très simples, comme manger un raisin, boire de l’eau, sentir le soleil sur sa peau…

 

 

Vous  pouvez souffrir de la même critique qu’on fait à Epicure. Dans vos vidéos, il y a le mythe complet de l’orgie, avec des femmes en bikini.

Eric R.: C’est vrai que, dès qu’on se rapproche un peu de la sexualité, il y a tout à coup une tension. Bien sûr, il n’y a aucune obligation chez nous par rapport à la sexualité, mais on se rend compte qu’une sexualité mal vécue ou une éducation sexuelle qui a été mal faite peut vraiment rendre l’être humain très malheureux. C’est pour ça qu’on l’aborde. Mais elle n’est pas plus importante que ça, pour nous. Les gens qui voient le côté sexuel des bikinis vont être sélectifs. Nous, on montre tout, on ne veut pas enlever des parties de ce qu’on est. Il n’y a rien à cacher, c’est beau. Tout comme la nudité aussi, c’est beau. Il n’y a rien à cacher.

 

Et quels changements voudriez-vous voir émerger à l’échelle collective ?

Eric R.: Un plus grand partage, plus de solidarité, plus d’amour au niveau collectif. Très concrètement, c’est changer le système actuel qui prévaut sur la planète, c’est-à-dire  le libéralisme sauvage, le capitalisme (qui est une idéologie de la faillite, je dirais, car il crée, certes, des richesses, mais aussi énormément de pauvreté et de division entre les êtres humains). A un moment donné, il n’y a plus qu’un gagnant, et un gagnant, quand il est tout seul, finalement, il perd aussi. Nous, On apporte une nouvelle proposition de système économique et social, à travers ce qu’on appelle le « paradisme ». C’est une idée qui vient de Raël. En fait, c’est le système qu’utilisent les Elohim sur leur planète : il n’y a plus de travail, plus de gouvernement, il n’y a plus d’argent, plus de banque. Tout est produit par la technologie et au service de tout le monde. Il n’y a plus de droit d’auteur non plus. Ça parait utopique mais techniquement, c’est possible, avec l’Intelligence Artificielle, la robotique, les nanotechnologies.

 

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« Nous appelons ça « l’âge de l’apocalypse » ou l’ « âge de la révélation ». C’est à partir de là que Raël est arrivé, que les Elohim ont décidé de nous envoyer un dernier messager ‒ car ils en ont envoyé plusieurs, comme Jésus, Bouddha, Mohamet. »

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Ça rejoint donc le message des Elohim : « Vous êtes à un état de civilisation-clé, où soit vous allez vous autodétruire, soit arriver vers un système type paradisme ».

Eric R.: Vous avez bien lu le message. C’est au niveau politique mais aussi au niveau de la destruction réelle de la société. Sur la planète, il y a une accumulation d’armes chimiques, atomiques, de destruction massive qui sont là et le niveau de conscience n’évolue pas en même temps que le niveau technique. Depuis 1945, on est arrivés au stade où l’être humain peut s’autodétruire. C’est une époque charnière : nous appelons ça « l’âge de l’apocalypse » ou l’ « âge de la révélation ». C’est à partir de là que Raël est arrivé, que les Elohim ont décidé de nous envoyer un dernier messager ‒ car ils en ont envoyé plusieurs, comme Jésus, Bouddha, Mohamet. C’étaient chaque fois des messagers qui devaient apporter un message de non-violence adapté à l’époque. Voilà pourquoi le mouvement raëlien existe. Ils ne viendront pas si on ne les accueille pas, si on ne s’y prépare pas. Nous, ça va, on a encore un niveau de conscience – on va se faire plaisir – relativement élevé mais vous avez des gens qui vivent dans le dénuement le plus total ou avec des croyances très différentes de nous, sur la planète.

 

S’ils nous ont créés à leur image, est-ce qu’on peut les reconnaître ?

Eric R.: Raël les a décrits comme plus petits : 1m20, 1m30… Comment va-t-on les reconnaître ? Ils vont revenir avec les prophètes, des êtres humains, donc ‒ comme Jésus, Bouddha, Mahomet – et ils expliqueront ce qu’ils ont fait. Regardez toutes les découvertes scientifiques, enfin, pas toutes, beaucoup de découvertes scientifiques vont dans le sens de cette hypothèse selon laquelle, oui, finalement, on peut créer la vie sur une autre planète. C’est ça qui est intéressant, à la différence de beaucoup de religions, je trouve. Quand on fait des recherches au niveau sociologique, ou en tout cas, au niveau historique, on se rend compte qu’on a toujours parlé d’êtres qui venaient du ciel, avec un message, donc, des anges. On retrouve des traces, et on en retrouvera de plus en plus.

 

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« On retourne à la terre. Le support de la conscience disparaît. Par contre, s’il y a une intervention scientifique, on pourra se recréer. On pourra downloader – comme on dit aujourd’hui – notre conscience dans un ordinateur, ou dans un corps qu’on aura cloné, qui sera plus jeune. C’est ce que les Elohim font déjà sur leur planète. »

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Vous ne croyez pas tellement en une vie après la mort ? Croyez-vous en la possibilité d’une vie prolongée ou d’une éternité ?

Eric R.: Effectivement, on est très matérialistes. On pense vraiment qu’après la mort – c’est ce que nous montre la science – on disparaît : tout redevient poussière. On retourne à la terre. Le support de la conscience disparaît. Par contre, s’il y a une intervention scientifique, on pourra se recréer. On pourra downloader – comme on dit aujourd’hui – notre conscience dans un ordinateur, ou dans un corps qu’on aura cloné, qui sera plus jeune. C’est ce que les Elohim font déjà sur leur planète. Actuellement, sur Terre, on va arriver à l’allongement de la durée de vie grâce à la technologie. Il y a un grand scientifique, qui – comment il s’appelle encore ? – Aubrey de Grey qui travaille beaucoup sur l’allongement de la durée de vie. Il dit qu’aujourd’hui le premier être humain éternel est déjà né. Il est d’ailleurs venu nous rencontrer, à l’Académie du Bonheur. On était vraiment sur la même longueur d’onde. Mais il n’est pas du tout raëlien, il n’est que scientifique.

 

J’ai lu quelque part que la télévision, c’était « l’accessoire le plus important qu’on avait pour atteindre la paix universelle durable».

Eric R.: C’est ce qui est dans le message des Elohim. C’est un peu le système nerveux de l’humanité. Grâce à ça, on peut se connecter les uns aux autres. C’est la télévision, telle qu’elle est apparue au début. Puis ça se transforme en Internet, et puis finalement, TV et Internet fusionnent. C’est la même chose, Internet et la télévision, ce système nerveux qui fait que je peux parler avec quelqu’un de Chine en temps réel. Ça peut créer un lien entre les êtres humains. Et ça permet alors d’avoir une démocratie directe, un referendum mondial, sans passer par les politiques. C’est un espoir, en fait. Surtout pour éviter la division qu’il peut y avoir entre les gens. C’est quasiment une expérience religieuse.

 

Est-ce que vous utilisez cet outil ?

Eric R.: Alors, là, oui, vraiment, comparé à d’autres religions. Si on se compare – mais on n’est pas là pour se comparer – je remarque qu’on utilise beaucoup Internet. On est énormément sur Internet. On est très à la pointe de la nouvelle technologie.

 

 

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 Claude Vorilhon dit « Raël »

 

Vous avez des exemples ?

Eric R.: Vous avez vu, on fait des conférences virtuelles, sur Internet, on fait des salons. On fait ça un peu partout dans le monde. Mais on est tous interconnectés…

Ricardo C.: La plupart des gens qui découvrent le message de Raël aujourd’hui, c’est par Internet aussi, puisque tout est téléchargeable gratuitement.

 

Mais pas imprimable.

Ricardo C.: Oui, là, je ne sais pas encore.

Eric R.: On ne sait pas l’imprimer, quand on le télécharge ?

 

Non. Il faut mettre un mot de passe.

Eric R.: Ah, d’accord. Des questions de droit d’auteur, peut-être…

 

200, 300 pages, lire ça sur un écran…

Eric R.: Ah, oui, je vais me renseigner. Ça je ne savais pas. En tout cas, on peut le lire. Et maintenant, avec les…beaucoup de gens lisent avec les… comment on appelle ça encore ?

 

Les liseuses ?

Eric R.: Oui, les visionneuses. Les liseuses. Donc là, c’est tout à fait faisable, ils n’ont pas mal aux yeux. Et donc oui, en fait, des exemples… On est tout le temps tous en connexion les uns avec les autres. Moi, je reçois des mails tous les jours. On est très réactifs grâce à ça.

 

Parce que votre site n’est pas fort développé. Si je regarde le site de la Scientologie… mais ils ne doivent peut-être pas avoir les mêmes moyens non plus.

Eric R.: Oui, c’est vrai qu’ils ont des moyens, j’ai remarqué. On utilisait Internet bien avant eux, je crois. Bon, on n’est pas là pour se comparer, c’est juste que… C’est vrai qu’on n’a pas les moyens, mais on utilise la technologie. Il n’y a pas de salaire chez nous, on donne des cotisations, et l’argent est consacré à l’ambassade et à la diffusion des messages. On va sur place pour informer, on fait des traductions, on donne des conférences, ce genre de choses.

 

 

Raël sur le plateau de l’émission québecoise Tout le monde en parle

 

Au niveau des technologies, toujours, j’ai vu dans une émission que Brigitte Boisselier, clonait 4 embryons par mois. C’est CloneAid, je crois (« société de clonage humain » qui aurait été créée par Raël lui-même, ndlr).

Eric R.: CloneAid. Moi, je ne suis pas trop. C’est en dehors du mouvement. Ça n’a rien à voir avec le mouvement raëlien. C’est vrai qu’elle, elle est évêque dans le mouvement raëlien, mais… On soutient l’idée mais on ne suit… enfin, moi, je ne suis pas CloneAid. Il faudrait l’interviewer elle.

 

Vous favoriseriez plutôt la procréation par clonage que par procréation naturelle ?

Eric R.: Ah, non, pas du tout. Non, non, pas du tout.

 

Il me semblait avoir lu ça. Mais j’ai peut-être mal interprété. « Le cancer organisé qu’est le développement dans le ventre d’une mère de cellules vivantes destinées à devenir un jour un autre animal semblable ». J’avais trouvé ça un peu négatif…

Eric R.: Le terme cancer est un peu fort, sans doute.

 

Il est entre guillemets…

Eric R.: Entre guillemets, ça va alors…

 

Je trouvais que la « reproduction comme cancer organisé »… peut-être que moi, en tant que femme, je…

Eric R.: Oui, je comprends, mais c’est dans le contexte. J’imagine que vous avez lu autour, vous voyez qu’il n’y a pas du tout d’ironie ou de violence, ou de négatif…

Mais du coup, je me demandais si, à terme, vous prôniez la reproduction scientifique plutôt que…

Eric R.: Non, non, pas du tout. La nature est très bien faite, les Elohim nous ont créés pour nous reproduire de cette façon-là, par l’acte d’amour.

 

Est-ce qu’on utiliserait le clonage pour des forces de main d’œuvre ?

Eric R.: Vous abordez peut-être le sujet des robots biologiques ? Les robots biologiques, ce sont des robots faits de tissus humains, mais il n’y a aucune conscience, j’insiste là-dessus… Je sais qu’on peut avoir cette vision, avec les films américains, où ce sont des esclaves qui vont se rebeller, parce qu’ils sont malheureux. Ils ne peuvent pas être malheureux, parce que ce sont des robots. Une machine à laver, elle ne peut pas être heureuse. Sauf qu’ils sont faits de tissus humains – pour l’aspect agréable. L’être humain va pouvoir être libéré de ces tâches pour faire ce pour quoi il est fait et se développer personnellement.

 

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« Il y a une hiérarchie, c’est vrai. D’abord, il y a Raël : c’est lui qui a reçu le message. Donc, c’est lui qui est actuellement le guide des guides, car il ne sera pas éternel… enfin, éternellement là, donc, il sera un jour remplacé. »

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Par rapport à la politique, est-ce que vous vous structureriez de la même manière en tant que groupe raëlien ?

Eric R.: Il y a une hiérarchie, c’est vrai. D’abord, il y a Raël : c’est lui qui a reçu le message. Donc, c’est lui qui est actuellement le guide des guides, car il ne sera pas éternel… enfin, éternellement là, donc, il sera un jour remplacé. En tout cas, on vote tous les 7 ans, donc tous les 7 ans, il pourrait être remplacé par quelqu’un qui… On utilise le mot évêque, parce que les gens comprennent très bien, ça fait penser à la hiérarchie catholique, les prêtres et les évêques. Nous, on appelle ça les « niveau 4 », les « niveau 5 », les guides en fait. Les guides.

 

Le symbole raëlien que vous portez, c’est quelque chose que vous affichez facilement ?

Eric R.: Oui, moi, je l’affiche à mon travail et parfois, ça me crée plein de problèmes. Je suis psychothérapeute, je donne des formations dans les entreprises. On pourrait vivre cachés, mais l’histoire nous montre – quand on regarde l’histoire des homosexuels, l’histoire des … enfin, de toutes les minorités –  quand on vit caché, finalement, ça se retourne contre nous et on ne peut pas apporter ce qu’on veut au monde. Donc en vivant notre différence – parce qu’on a une religion qui est unique, je trouve, dans l’histoire, il n’y en a pas beaucoup comme nous (elles sont toutes différentes, mais ce qu’on apporte est quand même unique)… Je suis très fier de montrer ma médaille, et les autres raëliens aussi.

 

Oui, parce que, en plus, aujourd’hui, il y a beaucoup de discours sur ce qu’on peut afficher ou pas de sa religion (d’autant plus quand on est une religion minoritaire).

Eric R.: Il y a vraiment ces deux idées : soit, aucun signe ostentatoire, on est tous pareils, en uniforme, neutres, quelque part, ou alors, comme on le souhaite, chacun peut s’habiller comme il veut. Vous voulez vous voiler, voilez-vous ; vous voulez avoir les cheveux rouges jusque là, faites-le. On est vraiment pour cette liberté totale. Parce que c’est plus par le dialogue et l’éducation qu’on pourra faire comprendre à cette personne – qui est peut-être malheureuse en étant voilée : « tu vois, ça ne te convient pas, ce n’est pas naturel ».  On n’est pas pour le voile, personnellement, puisqu’on est plus pour offrir… on aime bien la nudité, par exemple. On a été créés tels quels et le corps humain est beau, il ne faut pas le cacher.

Et par rapport à la médaille, il y a vraiment un climat assez négatif sur les « nouvelles minorités religieuses » pour l’instant, dans tous les pays francophones européens (en Suisse, en France et ici, en Belgique), où on est assimilés à des mouvements… alors, il y a le terme insultant de « secte » ‒ je trouve que c’est plutôt une insulte … Le fait de l’afficher, je trouve ça important … enfin, mes amis le reconnaissent, je ne suis pas dangereux, j’ai des clients qui me disent apprécier mon travail.  Donc, ça donne une autre image, et moi je suis très heureux de pouvoir l’afficher pour ça. Les minorités apportent quelque chose à l’humanité, elles ne sont pas dangereuses.

 

Vous, vous pensez qu’après votre mort, il y a de grandes chances que ça s’arrête.

Eric R.: En fait, je suis dans l’expectative. J’espère être recréé, mais je n’en suis pas sûr. J’ai très envie en tout cas. Parce qu’on a très envie d’être – enfin, je dis on, j’imagine que je peux parler pour toi (s’adressant à Ricardo C.) – on aime vraiment la vie, donc on a très envie d’être éternels. Si les gens veulent mourir, ils peuvent, hein. Mais nous, oui, on a cet espoir. Et si je ne le suis pas, ce n’est pas grave, parce que ce qui compte, c’est d’être heureux ici et maintenant. On peut très bien à la fois espérer quelque chose, sans être en même temps attachés par cette chose.

 

Le mouvement raëlien et ses actions de charité (One minute for Peace, Clitoraid, …)

Texte : J.-M.D. avec R.G. / Photo : R.G.


LES PLUS

le plus-lire

Michel Houellebecq, La possibilité d’une île, Fayard, 2005.

S’inspire en partie du mouvement raëlien, traite de clonage et de création artificielle d’une nouvelle espèce.

le plus-lire

Brigitte McCann, Raël : Journal d’une infiltrée, Éd. Stanké, 2004.

le plus-entendre

Claude Celler (Claude Vorilhon), Votre femme me trompe, 1967.

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